Hommage à nos amis italiens Et à la beauté des extravagances

Marla Wilson/ avril 21, 2020/ Ressources 45 Jours de Lecture/ 0 comments

Hommage à nos amis italiens

Et à la beauté des extravagances

La Tour de Pise en l’an de grâce 1173 fut commencée et sitôt qu’elle se mit à pencher, grand débat musclé fut lancé dans tout le Duché: “-Dis donc, Monsieur l’architecte, t’as pas l’impression qu’elle est bancale, ta tour ? 

-Point du tout, jouvenceaux, c’est vous qui regardez d’un oeil alambiqué ! Notons bien tous, mes jeunes amis, qu’elle est bien droite comme un piquet ! Et que par nos pères, nos mères et par tous nos dieux, je veux bien être pendu si je dis faux.

-C’est fort dur à soutenir cet argument-là, mon bon ! Ou tout le monde voit trouble ou c’est toi qui as tort. Quel crâneur, tu fais là ! Ah c’est bien connu : un architecte, ça rote plus haut que ses amygdales et ça pète plus haut que….Passons ! Sans déconner, tu ne peux pas nier l’évidence !

-Surveillez votre éloquence, blancs becs ou cette pogne-là, je vous la colle au milieu du front ! 

-Colle et tais-toi donc, vieux savant ! La bêtise, comme l’erreur, est toute humaine et tu n’as qu’à avouer ton tort pour être pardonné ! L’Histoire, et pas nous, jugera si Pise valait des lauriers ! Peut-être que dans mille ans, on descendra de sa tour comme des pentes de l’Etna ! Car de deux degrés au moins, elle penche, c’est bien visible, même à l’oeil nu, cela se voit ! 

-Deux degrés, vous dites ? Mais c’est que la faille est ténue, alors ? Pourquoi faire tout un foin d’aussi peu de méprise ? Qu’est-ce que deux degrés, au regard de Pise ? 

-Mais ne vois-tu pas qu’il y a là rien de beau !  Vois ! Redresse-nous ça fissa, espèce de goujat ! 

-Morbleu ! Mais que d’impertinence dans tous ces morveux-là ! Prenez garde à ma fougue, si vous persévérez, je vous envoie un scud, et rira bien qui rira le dernier ! 

-Quoi ?! Tu veux qu’on règle ça, gants retirés, à mains nues, comme des hommes, des vrais?   Eh papy, tu nous as bien lorgnés ? On est des damoiseaux mais on ne va rien lâcher ! La joute, de nos poings, faudra bien qu’elle se passe, des esprits belliqueux, tu le sais, la jeunesse est fort lasse ! Si nous querellons, c’est pour l’honneur de Pise et le verbe seul est l’arme qu’on aiguise ! 

-Basta ! Me voilà un vrai schlague et par mes aïeux, ma révérence, je tire… Permettez donc alors que sur un bon mot, je me retire : laissons la tour faire à sa manière et gageons que plus elle penchera, plus on la chérira !”

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